Etude "Grand âge et territoires de vie"
A travers plus de 50 entretiens individuels réalisés en France, Belgique, Italie et Allemagne auprès de personnes âgées vivant à leur domicile et résidant en maisons de retraite, de professionnels, d’élus et de membres d’associations travaillant sur la question du grand âge, cette enquête propose, en croisant les regards et les expériences, un panorama des liens qui unissent les personnes âgées à leur environnement.

 

Le territoire : sujet sociétal à la croisée des chemins

 

 

Le territoire de vie : une définition a plusieurs dimensions

 

Le premier enseignement de cette étude c’est que la notion de territoire de vie est essentielle pour les aînés. Mais pour être attractif, accueillant ou pour que les aînés y gardent leurs attaches, plusieurs dimensions sont à prendre en compte :

  • Une dimension personnelle tout d’abord : Le lien avec le territoire provient d’abord du parcours de vie de la personne, de son état d’esprit, de sa condition sociale…
  • Une dimension géographique ensuite : la commune est spontanément citée comme le territoire de vie à échelle humaine par excellence. Elle constitue l’échelon des déplacements réalisables à pied et des relations interpersonnelles du quotidien où l’on a ses points de repères, des lieux de sociabilité (notamment le café, l’église…)
  • Une dimension relationnelle : Quand le territoire n’est plus « habité » par un réseau amical et/ou familial, l’attachement à ce dernier se délite et le fait de rester sur son lieu de vie initial perd en importance.

 

L'environnement extérieur : une dimension du territoire peu adaptée aux aînés

 

Le constat, très négatif et partagé par l’ensemble des personnes interrogées, porte sur la non-adaptation de la voirie et du mobilier urbain, ce qui constitue un obstacle majeur à l’intégration des personnes âgées sur leur territoire.

  • Pour les personnes âgées vivant au domicile comme pour les résidents en maison de retraite, la ville ressemble à un parcours d’obstacles dès lors que la marche devient difficile – que l’on soit en fauteuil, avec un déambulateur, valide mais rapidement fatigué(e) ou craignant la chute.
  • Les transports en commun sont souvent décrits comme existants, mais peu praticables pour les personnes âgées en fauteuil ou avec un déambulateur.

 

Conserver le lien au territoire : un enjeu crucial pour le bien vivre en maison de retraite 

 

Un consensus fort ressort des entretiens sur la nécessité, pour les résidents, d’être en contact avec le territoire extérieur à la maison de retraite. Au-delà d’un besoin, les aînés interrogés indiquent qu’il s’agit bien d’un droit essentiel pour eux, pour entretenir leur santé physique, cognitive et psychologique.

Mais étant donné la proportion croissante de résidents en perte d’autonomie, les problèmes d’accessibilité et de mobilité, un des enjeux centraux pour les maisons de retraite mis en avant dans l’étude consiste bien souvent non pas à permettre aux résidents de « sortir » des murs de la résidence, mais bien à « ouvrir les portes » et à faire entrer le territoire. Les maisons de retraite les plus actives décrivent volontiers les effets bénéfiques de cette ouverture sur le niveau de bien-être et de satisfaction des résidents, mais aussi sur le moral et la motivation du personnel.

Autre aspect important mis en avant, le territoire se définissant comme un réseau relationnel, la présence des proches, et principalement de la famille, est vue comme cruciale pour permettre aux résidents de conserver un lien avec le territoire.

Malheureusement, la famille des résidents est souvent perçue comme trop en retrait, et de nombreux établissements rencontrés déplorent que les familles viennent trop peu souvent visiter leur parent et s’impliquent peu dans la vie de l’établissement.

 

Les aînés en maisons de retraite restent invisibles des politiques publiques

 

Les collectivités ont trop souvent une vision du grand âge organisée « en silos », concentrant leur action exclusivement sur les personnes âgées vivant au domicile et donnant l’impression de moins se préoccuper des personnes âgées résidant en maison de retraite.

Dans ce cas, les maisons de retraite apparaissent comme l’angle mort des politiques publiques locales à l’attention des seniors, comme si une fois entrées en établissement, les personnes âgées n’étaient plus considérées à l’égal de leurs pairs vivant encore au domicile.

Une « fermeture » dont les deux parties prenantes se renvoient alors la responsabilité.

 

Finalement, Un territoire accueillant est d’abord un bassin de vie où chacun pense avoir prise sur son destin, sur son quotidien. C’est aussi, que l’on vive dans un habitat individuel ou dans une collectivité, l’espace où l’on se sent libre d’aller et venir, et partie prenante de la collectivité.

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