Revue de la littérature réalisée pour la Fondation Korian pour le Bien-Vieillir par Jan Chrusciel (médecin de santé publique), Aude Letty (déléguée générale de la Fondation Korian), Didier Armaingaud (directeur médical, éthique et qualité groupe Korian), Paul-Emile Haÿ (directeur médical Korian France senior) et Stéphane Sanchez (médecin de santé publique au CH de Troyes)
L’intérêt des IAA en maison de retraite
Effet sur les fonctions cognitives
Une étude japonaise portant sur 10 patients atteints de troubles cognitifs d'étiologies diverses, a montré une amélioration des fonctions cognitives après six mois d'une intervention par des volontaires assistés de chiens, avec un impact sur les activités de la vie quotidienne chez certains patients.
Toutefois, le caractère organique et progressif des troubles cognitifs ne permet pas d'espérer une telle amélioration dans la majorité des cas. En effet, plusieurs études n'ont pas mis en évidence de différence significative avant et après une IAA en utilisant les scores MMSE (Mini-Mental State Examination) et MOSES (Multidimentionnal Observation Scale for Elderly Subjects).
effet sur l’équilibre et l’autonomie
Une étude randomisée norvégienne a montré une dimunition du risque de chute chez des personnes âgées souffrant de troubles cognitifs participant à un programme d'activités assistées d'un animal. L'activité consistait en des sessions bi-hebdomadaires de trente minutes pendant douze semaines au cours desquelles les participants du groupe pouvaient jouer avec un chien, le laver, le nourrir, sous la supervision d'un maître -chien.
Les IAA ont un effet stimulant sur la personne âgée et entraînent une augmentation de son activité motrice, lui procurant ainsi des ressources supplémentaires pour subvenir par elle-même à ses besoins.
La participation encadrée à ces activités d'IAA augmenterait la confiance en soi et favoriserait le retour à des activités sociales. Elle permettrait ainsi aux résidents de maisons de retraite d'échanger plus entre eux et de s'engager d'avantage vis-à-vis de leur environnement.
Effet sur le sentiment de solitude et l’isolement social
Il a été bien établi que les IAA diminuent le sentiment de solitude des résidents qui sont plus enclins à communiquer en présence d'un animal et ce, même après son départ.
L'amélioration des relations interpersonnelles qui en résultent pourrait faciliter le travail du personnel de l'établissement, créant un climat favorable à la relation thérapeutique.
Effet sur l’anxiété et le comportement
Deux études ont été réalisées afin de vérifier l'impact d'une IAA avec un chat ou un chien sur 7 patients (5 atteints de maladie d'Alzheimer et 2 atteints de troubles cognitifs) par rapport à un groupe contrôle de 20 patients atteints de troubles cognitifs mais aussi sur 58 patients âgés hospitalisés dans une unité psychiatrique.
Elles ont permis de mettre en évidence une diminution des scores d'agressivité, d'anxiété et de la charge de soins mais aussi une baisse de tendance à un comportement irritable.
Une étude incluant 10 patients atteints d'une forme sévère de la maladie d'Alzheimer a également montré une diminution de l'anxiété à la suite d'une intervention assistée d'un chien.
Effet sur les symptômes dépressifs, les relations sociales et la qualité de vie :
Une étude de Bernabei et al. (2013) a montré une diminution des scores de dépression sur l'échelle GDS (Gériatric Depression Scale) à la suite d'une IAA. Ce résultat doit tout de même être pris avec prudence car les scores étaient également diminués dans le groupe contrôle et la comparaison entre groupe n'atteignait pas la significativité.
Une étude randomisée multicentirique D'Olsen et al. (2015) a quant à elle, montré qu'une Intervention assistée d'un chien sur une durée de 12 semaine a un effet positif sur la qualité de vie des patients souffrant de démence, avec une persistance de l'effet 3 mois après l'intervention..
Les activités de groupe impliquant un chien pourraient ainsi améliorer le bien-être et la qualité de vie des chez les résidents souffrant de troubles cognitifs. L'animal pourrait être dans ce contexte, une ressource permettant à la personne de répondre à son besoin de communiquer tout en améliorant les interactions entre résidents.
Certains travaux démontrent même une amélioration du langage ou une diminution des comportements inadaptés.
Animaux réels ou robotiques
Les animaux robotiques sont conçus pour interagir de façon similaire à des animaux réels. Ils ne sont pas sujets à certains inconvénients liés à ceux-ci tels que la nécessité d'un encadrant qualifié, le potentiel allergisant, les problèmes d'hygiène, le risque infectieux ou le coût de la vie. L'aptitude des animaux robotiques à interagir avec l'environnement évolue notamment grâce aux récentes avancées sur l'intelligence artificielle.
Même si la littérature portant sur l'utilisation de robots animaux est encore balbutiante, elle semble montrer des effets similaires aux vrais animaux. En effet, un essai contrôlé réalisé en Australie montre le potentiel d'un animal robotique pour stimuler et capter l'attention des résidents sans toutefois mettre en évidence des différences pour le score d'agitation. Des Interventions utilisant le robot Paro ont également montré un effet sur la communication verbale et la qualité de vie au moins à court terme.
Plusieurs études suggèrent même une amélioration de l'humeur chez des résidents en maison de retraite.